Chaque mois, la Fédération Wallonne des Entreprises de Travail Adapté, se penche sur un dossier de fond ou interviewe une personnalité au sujet du secteur des Entreprises de Travail Adapté. Ce mois-ci, Gaëtane Convent, directrice de l’Eweta a eu l’honneur d’interroger Mme Dominique Bloemen au sujet de sa fonction de Présidente de la SCP 327.03 et de sa relation avec notre secteur.
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Madame, vous êtes la présidente de notre CP, pouvez-vous en quelques lignes vous présenter?
Au niveau de mes compétences, je me définis comme une praticienne du droit social. Après une vingtaine d’années de travail juridique dans une organisation syndicale et d’inspection du travail, mon expérience a été validée par une licence en science du travail (ULB)
Ma nomination comme conciliatrice sociale à l’administration des relations collectives du travail date de 2010.
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Depuis quand êtes-vous la Présidente de notre commission paritaire et y a-t-il des dossiers/ avancées sectorielles qui vous ont particulièrement marqués, touchés durant toutes ces années ? Si oui le/lesquel et pourquoi ?
J’ai le privilège de Présider le secteur depuis 2017 avec le départ à la retraire de Mr André Blaimont.
Le début de ma présidence a été marqué par la possibilité de conclure l’accord sectoriel 2017-2018 ce qu’il faut saluer dans la mesure où la négociation précédente n’avait pas abouti. Mais comme disent les anciens, fondamentalement la réussite d’une négociation dépend des parties et pas du président. Ces 4 dernières années ont été marquées par la conclusion d’une Convention collective de travail sur les contrats d’entreprise après un long travail des partenaires sociaux ce qui est une avancée historique à saluer.
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Pouvez-vous définir le rôle d’un conciliateur social ?
De manière synthétique : c’est l’accompagnement des partenaires sociaux afin d’encourager une concertation sociale fructueuse ce qui se traduit par présider les (S-)CP, organiser les négociations collectives, prévenir ou concilier les conflits collectifs du travail.
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Si vous deviez décrire notre commission paritaire en 3 mots lesquels seraient-ils et pourquoi ?
Je dirai sans ordre d’importance :
– la convivialité car les relations entre les personnes sont respectueuses et empreintes de tolérance
– l’implication car chaque organisation a un véritable souci du but social des ETA’s et des travailleurs porteurs de handicap dont l’insertion digne dans la société passe par le travail. Ce secteur demande beaucoup de travail pour tous les partenaires.
– la sincérité car, tout en ayant des personnalités différentes, les acteurs usent de peu de manipulation dans le dialogue social.
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Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires aux négociateurs pour une concertation positive ?
Pour une concertation sociale positive, les négociateurs doivent connaitre en général le terrain et le dossier spécifique qui en émane avec toutes les nuances émises par leur base, ils doivent user de professionnalisme et de respect de leurs interlocuteurs. Selon l’importance de l’enjeu, la patience est de mise ainsi que la modestie : ils ne négocient pas pour eux-mêmes et des échanges réguliers avec la partie qu’ils représentent sont nécessaires pour un résultat satisfaisant.
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Vous qui siégez dans différentes commissions paritaires, selon vous qu’est-ce qui distingue notre commission paritaire d’une autre (en termes de type de négociation ou de relation avec les partenaires sociaux) ?
Alors que dans de nombreux secteurs, les acteurs se désignent comme « Interlocuteurs » sociaux (souvent à la demande des organisations syndicales) dans le secteur des entreprises de travail adapté ils se sentent davantage « partenaires » sociaux. Je vous avoue que je trouve en général le « non-marchand » compliqué alors que le secteur des ETA est plus « franc » car les travailleurs s’expriment sans langue de bois, ce qui favorise des relations véritables. Avec néanmoins une réserve à maintenir pour ne pas confondre milieu de travail avec famille. Cet éclairage ne doit en effet pas masquer que les employeurs ont un rôle de gestionnaire d’entreprise dans le cadre d’une relation de salariat avec le personnel. D’où la nécessité d’une représentation syndicale des travailleurs tant dans les entreprises qu’au travers d’une Commission paritaire spécifique avec des représentants des employeurs et des organisations syndicales.
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Un message particulier que vous souhaiteriez adresser aux employeurs du secteur des ETA ?
J’ai pu tout au long de ces 4 années apprécier l’investissement considérable des directions au sein de leur ETA. Et je peux concevoir que c’est parfois ingrat car cela demande essentiellement des qualités de gestionnaire alors qu’au départ la motivation est éminemment sociale.
La crise du covid a été marquée très rapidement par la créativité et une proactivité pour la protection des travailleurs. Et une véritable solidarité s’est manifestée à l’occasion des récentes inondations. L’EWETA a pris toutes les initiatives qui s’imposaient et s’est manifesté comme le ciment qui vous unit : cette dynamique permet de fructueux résultats pour chaque ETA.
Je tiens à saluer les liens étroits entre l’EWETA et les ETA’s qu’elle représente : la manière démocratique et efficace de ce fonctionnement permet de belles avancées pour le secteur notamment tout dernièrement avec l’accord non-marchand 2021-2024.
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