Chaque mois, l’Eweta se penche sur un dossier de fond ou interviewe une personnalité au sujet du secteur des Entreprises de Travail Adapté. Ce mois-ci Florence Giuot a interrogé les référents coordinateurs du Projet Transition-Insertion sur leur expérience avec les jeunes et leur ressentit par rapport au Projet.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots (notamment les étapes qui vous ont amenées à être référent coordinateur) ?
Enseignant en Décoration au sein de l’établissement durant 17 ans, j’ai profité de l’opportunité qui se présentait pour intégrer le service Transition-Insertion de l’école. Après avoir accompagné les élèves durant de longues années, il me semblait intéressant de poursuivre ma carrière professionnelle en m’intéressant à l’après école pour nos élèves.
Je m’appelle Vincianne SCHOONBROODT et je suis référente coordinatrice pour le projet FSE Transition insertion et ce depuis sa création.
Je participais déjà à beaucoup de réunions avec l’IBEFE de Verviers en tant que bénévole pour l’école car nous nous préoccupions déjà à l’époque du devenir de nos jeunes. Mon ancienne Directrice était à l’écriture du projet et c’est naturellement qu’elle s’est tournée vers moi pour le rôle de référente. Cependant, je voulais encore enseigner et j’ai donc refusé le temps plein mais j’ai accepté un mi-temps avec ma collègue Maria Canueto. Nous avons donc chacune un quart temps FSE et un quart temps PPB.
C’est vraiment par hasard que je suis tombé dans cet emploi. En effet, je suis éducateur à la Ville de Liège depuis 8 ans et lorsqu’on m’a proposé d’aller à l’Irhov, j’ai dit oui. C’était pour moi, une nouvelle expérience à mettre en plus sur mon cv.
Au début, je devais travailler en forme 1 (Classe Caroline) puis, la personne désignée au poste de référent-coordinateur est venue me voir en me disant que « l’administratif n’était pas fait pour elle et que si je voulais, je pouvais m’arranger avec la direction pour prendre sa place ». J’ai tout de suite accepté car le projet était bien plus que de simples formalités administratives pour moi. Voilà maintenant 3 ans que je suis dans le projet et j’adore cela !
Travaillant dans l’enseignement spécialisé depuis de nombreuses années, la question du devenir des élèves m’a toujours interpellée. Avec le Directeur du centre PMS, un « vieux de la vieille » aussi, nous nous interrogions souvent : « tiens, un tel a-t-il pu réaliser son projet et un tel, a-t-il réussi à intégrer la société dont il rêvait ? ». Le projet transition-insertion s’est révélé être l’opportunité de répondre à ces questions, de suivre les jeunes à la sortie de l’école. Ma connaissance des infrastructures existantes dans la région et mon souhait d’apprendre à connaître le monde du travail m’ont incitée à postuler pour l’emploi dans l’école. Ma Direction a fait le reste…
Pourquoi le projet TI vous tient à cœur ?
Je me sens utile et me rend compte de l’importance de l’accompagnement des jeunes et des familles dans l’ensemble des démarches à effectuer. (Démarches administratives, élaboration d’un projet et concrétisation de celui-ci).
Pour moi, l’école à un rôle important dans le devenir des élèves. Et personnellement, j’en fais mon cheval de bataille !
Pour moi c’est vraiment important d’aider les jeunes dans l’insertion socio-professionnelle car ils sont livrés à eux-mêmes !
Je trouve le projet indispensable au développement du bien être chez les jeunes.
En effet, ne pas savoir vers où va dans la vie peut être extrêmement frustrant.
Savoir que des personnes sont là pour aider les jeunes à découvrir ce qu’ils aiment et les y accompagner est tout simplement magique !
Il y a une multitude de services avec lesquelles il est possible de collaborer afin de réaliser le/les projet(s) des jeunes
La richesse de l’école dans laquelle je suis, m’amène à collaborer avec de nombreux services… (CPMS, SAJA, FOREM…)
Le projet transition-insertion me tient à cœur car c’est un cheminement à accomplir en collaboration entre le référent et le jeune pour amener ce dernier à se réaliser, à atteindre son projet personnel, à prendre sa place dans la société. De plus, le retour des jeunes issus de l’enseignement spécialisé est chaleureux, spontané et sans fioriture.
Quelle est la plus-value pour les jeunes que vous accompagnez ?
La disponibilité que nous pouvons proposer, un accompagnement individuel et adapté.
La plus-value est énorme car sans le projet, ils se retrouvent seuls face aux obstacles de l’insertion. Ils sont démunis et se découragent rapidement. Ils restent donc à la maison et sont déconnectés des réalités du marché de l’emploi et de la formation. Nous sommes un repère pour eux et même quelques années après la sortie d’école ils reviennent vers nous avec des questions.
Les jeunes peuvent avoir un contact direct avec nous comme nous sommes implantés dans l’école.
Cela facilite grandement la communication et la mise en place d’actions concrètes dans le développement du projet de vie du jeune.
De plus, nous avons la possibilité de prendre rapidement contact avec des partenaires susceptibles de venir en aide jeune et ainsi organiser des réunions ou des visites.
J’essaye de leur apporter la confiance en soi dont ils manquent parfois. Je les amène à réfléchir sur leur projet de vie et j’essaye de trouver avec eux, les moyens de les réaliser.
La connaissance des structures existantes, la constitution d’un réseau, la recherche de réponses aux questions des élèves (en collaboration avec l’équipe pédagogique), la disponibilité du référent apportent aux élèves un atout supplémentaire. Les jeunes se sentent soutenus et savent qu’ils ont un point de chute en cas de questionnement, de doute ou de besoin d’aide pour des démarches. Le référent pallie au manque de confiance en soi, au manque de connaissances et au manque de soutien des proches que ce soit par négligence ou fausses croyances.
Quel est l’impact du projet sur votre école ?
La mise en place de nouvelles classes, l’impatience des élèves à intégrer le projet transition-insertion.
Malheureusement pour organiser un tel projet, il faut des heures …. la Direction doit donc puiser dans son pot d’heures NTTP pour que le projet existe !
Le projet à comme avantage de favoriser le dialogue et l’entraide au sein même de l’école. Les équipes éducatives, la direction, les professeurs et nous tentons de travailler de concert afin d’aller tous ensemble dans un seul et même sens… la réussite du jeune !
Chacun apporte sa pierre à l’édifice et permet grâce au projet de proposer des solutions dans l’intérêt du jeune.
Nous avons comme gros avantage de pouvoir nous déplacer et faire venir des services qui peuvent amener avec eux un éventail de propositions pour l’avenir du jeune.
De plus, avec une bonne communication entre les différents partenaires interne à l’école, nous avons pu bien nous faire connaître de tous et définir avec tous, nos missions.
L’impact du projet sur l’école est réel. Il a engendré une dynamique positive en particulier, en termes de recherche d’emploi et de volonté d’insérer tous les élèves (même ceux non repris dans le projet) dans la société.
Comment ce projet facilite l’insertion socioprofessionnelle de manière concrète ?
La visite des différents milieux que pourraient intégrer nos élèves et la réalisation de stages leurs permet de se mettre en situation (tant les familles que les jeunes). Les services accueillant nos élèves peuvent se faire une idée de qui est la personne qu’ils pourraient accueillir. Les stages permettent de développer une relation entre l’élève et l’équipe des structures les accueillants.
Concrètement nous accompagnons le jeune en fonction de ses besoins (Forem – Onem – Mutuelle – Employeur – Syndicat – CIFSPA – SAC – …) et nous faisons le lien avec ces différents organismes. Nous avons créé un réseau de partenaires et il est plus facile pour nous de guider le jeune.
Comme dit plus ci-dessus, nous avons la chance de pouvoir nous déplacer et permettre ainsi au jeune de rencontrer différents acteurs de terrain. Lorsque le jeune termine son année, nous lui expliquons les différentes démarches à réaliser à sa sortie. Nous l’accompagnons dans les administrations ou entreprises afin de le présenter et l’aider à s’insérer dans le milieu du travail.
De plus, et souvent avec l’aide des profs de français, nous tentons de lui constituer un dossier afin de lui permettre d’avoir les outils indispensables à sa présentation lorsqu’il se rend chez un patron, entreprise, ou autre… Une fois sur le terrain, nous aidons le jeune dans ses prises de rendez-vous, ses entretiens (voir préparation d’entretien), etc.
Grâce au projet, l’insertion socio-professionnelle est maintenant quantifiable (élèves mis à l’emploi, élèves qui poursuivent des études en milieu ordinaire ou en IFAPME, élèves admis en CISP ou en CFISPA, etc.). Concrètement, cette insertion est facilitée par le fait de répertorier les besoins et de donner des outils pour réaliser un projet personnel. L’accompagnement peut aller du simple fait d’aider à rédiger une lettre de motivation pour un entretien d’embauche à un suivi global et intensif depuis la réflexion sur le projet personnel jusqu’à l’accompagnement à des séances d’information collectives au FOREM ou dans des centres de formation. Aider un jeune à trouver un stage ou job d’étudiant est aussi une manière d’ouvrir la porte à un potentiel emploi futur.
Une perle à nous partager ?
La création imminente d’un site internet pour le projet FSE Transition-Insertion.
Albert (nom d’emprunt) a réussi grâce au projet transition-insertion à rentrer dans un centre de jour en pleine période covid début septembre 2020. Nous avions effectué les démarches avec la maman au préalable.
Vivian (nom d’emprunt) a réussi à décrocher un emploi dans les cuisines de l’Athénée de Namur grâce à notre accompagnement.
« Ce sont des petites victoires qui forment les grands hommes de demain »
Je m’occupais d’un jeune de 22 ans relevant du type 4 forme 2. Malgré qu’il était suivi par un service d’accompagnement, il continuait à me rencontrer et sa maman m’interrogeait régulièrement quant au devenir de son fils et aux perspectives d’insertion socioprofessionnelle. C’est ainsi que je les ai orientés vers la « Soirée Rencontres Namuroises du Volontariat ». Sur plus de 60 associations présentes, seules 2 ont répondu positivement et …en croyant que Madame postulait pour elle-même et non pas pour son fils.
Ou
« – Bonjour Madame, vous pouvez m’aider à écrire une lettre de démission ?
– Euh… ta demande me surprend car moi, je vous aide pour postuler pour un emploi !
– Oui, mais c’est pour être libre pour un autre engagement, dans l’administration Communale que je rêve d’intégrer. Comme vous savez, j’ai réussi le test pratique et on vient de me contacter suite à l’entretien d’embauche.
– Ouf, tu me rassures. Oui, je vais t’aider. »
Envie d’en connaitre plus sur le Projet ? Découvrez notre dossier à ce sujet !
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