Chaque mois, l’Eweta se penche sur un dossier de fond ou interviewe une personnalité au sujet du secteur des Entreprises de Travail Adapté. Pour cette édition, pusquela journée internationale des personnes en situation de handicap s’est déroulée le 3 décembre, nous avons choisi de donner la parole aux travailleurs, assistants sociaux, cadres et directions de nos Entreprises de Travail Adapté.
Interviews croisées de travailleurs :
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Pouvez-vous vous présenter, votre parcours ainsi que votre métier ?
– Madeline, travailleuse à L’Atelier :
« Je m’appelle Madeline, j’ai 27 ans. Je travaille depuis 3 ans à L’Atelier. J’ai d’abord suivi une formation dans un centre d’insertion socioprofessionnelle. J’ai ensuite travaillé chez Fournipac. Lorsque mon contrat s’est terminé, j’ai envoyé mon CV à d’autres ETA et j’ai été engagée à L’Atelier. Je suis opératrice dans le conditionnement alimentaire. Pour l’instant je travaille dans une de nos 5 salles alimentaire pour un chocolatier. Je mets des sachets de chocolats dans des étuis. »
– Christophe, travailleur à l’Atelier :
« Je m’appelle Christophe, j’ai 49 ans. Je travaille depuis 25 ans à L’Atelier. J’ai commencé par travailler dans le bâtiment mais les charges étaient trop lourdes pour moi et les horaires ne me convenaient pas. J’ai ensuite fait un essai sur une chaine de production dans une autre ETA mais celui-ci n’a pas été concluant car le poste n’était pas adapté à mon handicap. J’ai ensuite trouvé un poste qui me convenait, à L’Atelier. Je suis adjoint logistique et achats. Nous avons 3 camions à L’Atelier. Je suis chargé d’organiser le planning des livraisons et enlèvements pour nos clients. Je m’occupe également de commander les fournitures pour la bonne réalisation des commandes. »
– Sandra, travailleuse chez Village N°1 :
« Je m’appelle Sandra et j’ai 45 ans. J’ai travaillé dans les cuisines de collectivité (études dans ce domaine), la mécanique, … Je suis arrivée au Village n°1 Entreprises car je n’arrivais pas à m’intégrer dans une entreprise normale avec les autres personnes. C’était en 2000 pour travailler comme ouvrière de production pour emballer des cannettes. Mon travail consiste à prendre des palettes de marchandises au stock et de les amener aux chaines de production. Et inversement quand le travail est terminé. »
– Henri, travailleur chez Entra :
« Je me présente, je m’appelle Desaeger Henri, je viens d’avoir 31 ans. Je suis papa de 3 enfants et cela fait maintenant 7 ans que je suis chez Entra. J’ai suivi mes études d’électricien a l’Ifapme, j’ai ensuite travailler dans une entreprise de panneaux photovoltaïques. En 2013, j’ai du subir une opération de la colonne suite a une fissure et un glissement de la colonne. Je suis resté en convalescence 6mois et ensuite j’ai cherché de l’emploi. Ce qui a été difficile car je ne pouvais plus exercer comme électricien. En 2014, j’ai répondu à une annonce pour un poste chez Entra après une réponse favorable, nous avons du demander l’accord à l’AViQ, cela n’a pas été facile mais ils m’ont accordé l’ accord en ETA. Je suis opérateur spécialisé et team coach ».
– Carine, travailleuse chez Entra :
« Carine Piron, 54 ans, non-voyante. Je suis autonome et indépendante et au travail dans une ETA depuis près de 18 ans. J’ai fait une formation de standardiste / travaux de bureau. Je suis entrée chez Entra via l’AVIQ (anciennement AWIPH) car Entra était à la recherche de personnes présentant une déficience visuelle. Je suis employée de production. Je m’occupe principalement de la mise sous pli de courriers pour différents clients. J’ai également déjà été amenée à remplir des missions Call. »
– Gaëtane, travailleuse chez Entra :
« Gaëtane, 38 ans, mariée, 2 enfants, agent TS1 (Orange) et TS2 (Verisure). Parcours scolaire – école néerlandophone commerce et langue Sint-Guido-Instituut / bureautique Imelda-Instituut à Bruxelles. Parcours professionnel – vendeuse dans le prêt à porter, réceptionniste hôtesse d’accueil dans un hôtel et j’ai atterri chez Entra en 2010 au call center (TS3) pour Sodexo, fin 2012 Mobistar (Orange) et depuis cette été (07/2021) je jongle entre Orange et Verisure. Je suis agent encodage/call pour Orange – test alarm verisure »
– Jonathan, travailleur chez Entra :
« Je m’appelle Jonathan, marié, 2enfants et âgé de 32ans. Je suis sorti diplômé en tant que Mécanicien industriel, 6mois après j’ai trouvé du travail comme magasinier à la cimenterie ( CBR ), je suis resté pendant 1an et ensuite je faisais de laboratoire pendant 3mois. J’ai été licencié suite à la restructuration de l’entreprise.. J’avais postulé beaucoup de cv mais n’ayant jamais été engagé à cause de mon handicap (surdité), beaucoup d’obstacles etc. J’ai vu une offre comme encodeur chez ENTRA et j’ai eu mon CDI après 3mois d’essai. Je fais de la logistique et administratif + le transport pour les titres-services. »
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Qu’est ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
– Madeline :
« Ce qui me plait c’est de travailler pour nos clients. Je mets tout mon cœur à l’ouvrage car je souhaite que le client soit content. »
– Christophe :
« Ce que j’apprécie c’est lorsque je dois faire preuve de réactivité et m’adapter aux différentes demandes des clients. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. En fin de journée j’ai le sentiment que celle-ci a été fructueuse, je me sens utile. »
– Sandra :
« Ce qui me plaît dans mon travail, c’est que j’ai touché un peu à tout. J’ai travaillé sur différents chantiers externes, j’ai fait des displays, du montage de siège pour grue, de l’emballage alimentaire au froid. J’ai ensuite passé mon permis ‘Homme porté’ car j’ai commencé à avoir des problèmes au poignet et je suis maintenant ‘Navetteur’. »
– Henri :
« Le social et le coaching »
– Carine :
« Avoir une vie sociale, le contact avec les collègues et j’adore ce que je fais car je me sens utile malgré mon handicap. »
– Gaëtane :
« Ma polyvalence – je ne fais pas toujours la même chose »
– Jonathan :
« L’ambiance avec les collègues »
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De quoi êtes-vous le plus fier au niveau de votre travail ?
– Madeline :
« Je suis fière lorsque je vois les produits, qui sont passés entre nos mains, dans les rayons des grands magasins. »
– Christophe :
« Je suis fier lorsque je parviens à trouver des solutions sur mesure en un temps limité pour nos clients. »
– Sandra :
« Ce dont je suis la plus fière, c’est le sentiment d’avoir évoluer en ayant fait plusieurs choses différentes et d’être devenue polyvalente. »
– Henri :
« Un épanouissement personnel grâce au caractère utile et à l’entourage professionnel. »
– Carine :
« Rendre fier mes responsables et mes collègues du travail réalisé et moi également. Et aussi montrer que le handicap n’est pas une barrière. »
– Gaëtane :
« L’entente avec mes supérieurs, je peux toujours m’arranger avec eux lorsque j’ai un imprévu, ils sont conciliants (ils peuvent tjs compter sur moi aussi, ça va dans les deux sens 😉 ) »
– Jonathan :
» Je suis arrivé en tant que back-up logistique et j’aime ce que je fais. »
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Qu’est-ce que votre travail vous apporte personnellement dans votre vie ?
– Madeline :
« Le travail m’apporte un contact humain que j’ai de moins en moins dans ma vie privée en raison de la situation sanitaire actuelle. J’apprécie travailler à L’Atelier car c’est un peu comme une grande famille, nous nous entraidons. »
– Christophe :
« Il me permet d’être autonome financièrement et cela est gratifiant. Il me permet également de me sentir à ma place et d’être considéré à ma juste valeur. Le travail m’apporte également un lien social. J’ai beaucoup de sympathie pour mon équipe et je sens que c’est réciproque. »
– Sandra :
« Le travail me permet de voir du monde, d’apprendre des choses. Je ne sais pas rester seule chez moi, le travail me permet d’être bien dans ma tête et dans mon corps. »
– Henri :
« De pouvoir garder un niveau social actif »
– Carine :
« Rendre fier mes responsables et mes collègues du travail réalisé et moi également. Et aussi montrer que le handicap n’est pas une barrière. »
– Gaëtane :
« Une satisfaction personnel d’autant plus que je travaille à côté de la maison avec un horaire (8h30-15h) qui est compatible à ma vie privé (école, sport, etc.) Maman qui bosse MAIS présente 😉 »
– Jonathan :
« L’échange entre les TL(Team Leader) et les employés est un plus ( communication etc..) »
Interviews croisées d’assistantes sociales :
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Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« Je m’appelle Bernard Verast. Je suis l’assistant social de Nekto. Je suis assistant social chez Nekto depuis 2003 après avoir été éducateur les 3 premières années de ma carrière au Centre Reine Fabiola et avoir travaillé plus de 10 ans dans le secteur bancaire et assurances. Lors de cette dernière expérience, j’ai acquis un solide bagage dans une multitude de domaines (crédits, assurances, épargne, contentieux, fiscalité …) très utile dans ma fonction actuelle. »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Je m’appelle Jean-Luc et j’ai une formation d’ergothérapeute. Je travaille au Village n°1 Entreprises depuis 1988. A cette époque j’étais en recherche d’un travail dans le secteur éducatif et le destin m’a fait découvrir un atelier protégé en recherche de moniteurs de productions et j’y ai posé ma candidature. Au fils des années mon job a pris plusieurs virages, de moniteur de production à accompagnateur social en passant par adjoint en atelier, responsable de production, pour arriver enfin au service social comme accompagnateur. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Je suis Victoria Defays, j’ai 27 ans et je suis assistante sociale à l’ETA l’Atelier à Naninne. Après un baccalauréat d’assistante sociale, j’ai poursuivi mes études par un master en criminologie. Je souhaitais travailler comme assistante sociale dans le secteur judiciaire, ce pourquoi j’ai effectué mes stages en prison ainsi qu’à la police. Au début de ma carrière, j’ai d’ailleurs effectué des remplacements dans des services de l’aide à la jeunesse à Bruxelles et Namur. Rien dans mon parcours ne me prédestinait à travailler dans le secteur du handicap et encore moins en entreprise de travail adapté. C’est d’ailleurs l’Atelier qui m’a contacté après avoir parcouru mon CV sur un site de recrutement. J’ai effectué un remplacement de plusieurs mois qui m’a permis de découvrir les fonctions d’assistant social au sein d’une ETA. Ravie de cette expérience, c’est avec joie que j’ai accepté de revenir lorsque le poste s’est libéré il y a quelques semaines maintenant. Depuis, je ne regrette pas mon choix. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« Arrivée en 1986, j’y suis toujours. Au départ, j’étais logopède et quand on n’a plus eu de subsides pour cela, j’ai réalisé diverses autres missions dont être un support administratif d’un département, responsable de formations et depuis 2004, je suis travailleuse sociale et aussi personne de confiance quelques années plus tard. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Justine Defer, 36 ans, en couple et 2 enfants de 4 et 8 ans. J’habite à Lobbes. J’ai fait des études d’assistante sociale et j’ai d’abord travaillé quelques mois en CPAS, en antenne sociale (1ère ligne). Je n’ai pas aimé, j’ai donc postulé ailleurs. J’ai fait plusieurs contrats de remplacement, un dans un centre pour personnes handicapées et un au CPAS de Courcelles, dans le service de médiation de dettes. J’ai ensuite été renseignée par ce dernier employeur à l’entreprise Proxemia, qui est une SCRLFS qui propose un service d’aide-ménagères en titres-services. J’étais engagée comme accompagnatrice sociale. Pendant ce temps, j’ai également suivi un Master en Sciences du travail en horaire décalé. J’ai ensuite voulu découvrir d’autres domaines, et j’ai postulé chez Entra car ils recherchaient un responsable pour le service social. »
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Comment accompagnez-vous les travailleurs de votre ETA ? Pouvez-vous nous dire les tâches que vous réalisez en tant qu’assistant(e) social ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« En fonction de la problématique, je les aide directement, de façon individualisée, ou je les oriente immédiatement ou après un moment vers différents services extérieurs tels que CPAS, Services d’accompagnement, avocat … Et dans ce cas, j’établis le relais et assure ensuite un suivi à distance. J’interviens aussi dans diverses démarches administratives… »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« L’accompagnement de nos travailleurs est très diversifié. Le service psycho-social les suit aussi bien sur leur bonne intégration dans l’entreprise, que sur l’absentéisme et ses causes, sur l’explication des documents sociaux et l’explication du règlement interne à l’entreprise, sur le suivi de la médecine du travail et la communication des restrictions avec les ateliers, le suivi de la mutuelle, du chômage, des problèmes de dettes, de la garde d’enfants en période vacances ou autre, d’aide à la recherche de logements, … Nous supervisons également les stages Cap, scolaires ou autre, les relations entre l’AVIQ, le travailleur et l’entreprise. Nous travaillons également en collaboration avec des services d’accompagnement et des centres d’hébergement pour adulte (CRNA), …. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« En tant qu’AS, nous effectuons plusieurs fonctions. La principale reste l’accompagnement psychosocial des travailleurs : chaque jour, je passe dans les sections et je vais à leur rencontre. Cet accompagnement est multiple, que ce soit au niveau privé ou professionnel : aide dans les démarches administratives, gestion budgétaire, collaboration avec les services d’aide, CPAS, mutuelle, … et parfois être simplement à l’écoute. Nous nous impliquons également dans la procédure de recrutement : nous recevons les CV et organisons les entretiens d’embauche, les évaluations, … Nous sommes aussi régulièrement en contact avec l’AVIQ. »
– Fabienne , assistante sociale chez Entra :
« Comme nous sommes une grosse entreprise, nos actions principalement sont à la demande du travailleur. Pour ma part, c’est essentiellement de l’accompagnement individuel, que ce soit une attestation à faire, un courrier à faire, une réponse à une demande quelle qu’elle soit de manière différée ou non, une écoute attentive, des conseils à donner, la résolution d’une situation problème, par ex quelqu’un n’est pas indemnisé par la mutuelle. Nous pouvons faire appel à tout moment à un service juridique. Nous avons aussi un rôle informatif aussi, par ex : quelles sont les démarches à faire en cas de naissance d’un enfant ou pour l’assurance hospi …. La ligne hiérarchique, le syndicat, un collègue d’un autre service peut aussi nous interpeller mais notre client reste le travailleur. Nous servons de relais entre le travailleur et les services supports internes ou externes à l’entreprise. Nous avons des missions aussi pour l’entreprise : organisation d’évènements festifs, retraites, ancienneté, accueil nouveaux embauchés, cartes Sodexo à gérer… »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Il y a beaucoup de tâches administratives : des problèmes à régler au niveau de leur dossier mutuelle, des documents divers à compléter, des documents à lire et à expliquer, des plans de paiement à demander aux créanciers, des courriers à faire avec les gens, des appels à passer pour eux, etc. Il y a aussi des entretiens où l’on écoute les travailleurs, où on les conseille, on les informe , on les réoriente si besoin vers des personnes plus spécialisées. Ils ont parfois simplement besoin de vider leur sac, d’avoir une oreille attentive, de parler à quelqu’un qui ne les jugera pas. Il y a aussi mon travail de personne de confiance où je suis habilitée à recevoir les travailleurs qui se sentent victimes d’harcèlement au travail (moral, sexuel), de pression au travail ou violence au travail. C’est une autre casquette. Je m’occupe également de la communication interne dans l’entreprise : je communique toutes les informations descendantes de la direction aux travailleurs, et ce, par un ensemble de canaux de communication différents. »
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De quoi êtes-vous le plus fier au niveau de votre travail ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« Avoir sorti des travailleurs de leurs embarras, financiers ou autres, parfois très compliqués, et leur avoir permis d’acquérir ou de reconquérir leur autonomie et leur dignité. »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Il n’y a rien dont je sois plus ou moins fier dans mon travail, l’aide que j’apporte aux personnes en difficulté est pour moi une satisfaction suffisante. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Je suis fière de travailler à l’Atelier. C’est une entreprise qui véhicule selon moi des valeurs auxquelles je crois : le respect, la considération, l’ouverture d’esprit, l’entraide, la solidarité, la bienveillance, l’empathie. Je me sens en adéquation avec moi-même dans mon travail. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« De solutionner des situations problèmes et que le travailleur retrouve plus de sérénité. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Lorsque je peux participer à l’amélioration d’une situation difficile d’une personne afin qu’elle se sente mieux dans son travail. »
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Quelles sont les qualités indispensables pour être assistant(e) social en ETA ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« Objectivité, assertivité, ténacité »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Les qualités indispensables pour ce type de travail sont l’écoute, la disponibilité, la connaissance de la législation sociale et le discernement entre les dires pour y retrouver le vrai. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Une bonne capacité d’écoute et d’empathie, comme tout assistant social. En ETA spécifiquement, il faut pouvoir s’adapter et adapter sa communication en fonction de la personne qu’on a en face de nous. Il faut se montrer disponible et indulgent. Il faut également avoir une bonne connaissance du réseau social. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« Le sens de l’écoute, le non-jugement, l’ouverture d’esprit, la confidentialité, la bienveillance, savoir s’adapter au contexte, à toute situation, à l’interlocuteur. Rien n’est écrit d’avance et on ne doit pas agir sans le consentement du travailleur. C’est lui notre client. Il faut pouvoir pousser les portes et remettre parfois tout en question. N’oublions pas non plus le professionnalisme, il faut pouvoir tout décortiquer et aller au bout de la demande et parfois pouvoir s’arrêter ou transférer la demande et connaître les limites de nos interventions. Ce n’est pas toujours évident mais c’est passionnant. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« La patience, la diplomatie, la tolérance, être à l’écoute. »
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Qu’est ce qui est le plus dur dans votre métier ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« Faire comprendre et accepter le sens et la méthodologie du travail d’assistant social totalement différent du paternalisme/maternalisme et d’une relation « sympathique ». Il est indispensable aussi de dissocier la vie privée de la vie professionnelle pour ne pas s’effondrer à terme face à toute la souffrance humaine rencontrée. »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Le plus dur est le manque de confiance et la rétention d’information qu’il y a parfois. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Le travail est si varié qu’il faut une bonne capacité d’adaptation et d’organisation afin de tenter de répondre aux différentes demandes. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« Les personnes en souffrance psychique qui ne parviennent pas à s’en sortir et qui choisissent toujours la mauvaise voie. Cela peut m’affecter même si cela n’arrive pas souvent. On reste un être humain. En 2e lieu, l’endettement, un travailleur à la rue. Tout le monde ne veut pas s’en sortir. Pour moi, le rôle de personne de confiance est plus difficile à exercer que celui de travailleur social. Ce sont toujours des situations très délicates où la prudence reste de mise et on doit toujours veiller à ne pas aggraver la situation et à rester le plus neutre possible. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Voir des personnes en souffrance et ne pouvoir rien y faire. »
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Qu’est ce qui vous motive dans la pratique de votre métier ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« De travailler dans l’intérêt de la personne. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Ce qui me motive le plus est l’essence même des ETA : permettre aux personnes plus fragilisées de pouvoir s’insérer dans la vie active. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« Venir en aide aux travailleurs qui en font la demande, les contacts sociaux, les relations humaines, la diversité des tâches. Ne pas savoir aussi comment la journée va se dérouler est un moteur aussi pour moi. Rien n’est lassant mais priorité aux RDV fixés sauf situations urgentes. Planifier est aussi essentiel pour ne pas perdre pied. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Apporter une aide concrète aux travailleurs »
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Quels retours avez-vous des travailleurs sur votre accompagnement ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« Lorsque la confiance est acquise, c’est durablement tant de la part de l’entourage que du travailleur qui, même parfois après des années, me remercient. »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Le retour des travailleurs est généralement bon et ils peuvent repartir l’esprit plus tranquille vers leur travail. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Globalement, j’ai l’impression que nous avons un bon retour des travailleurs par rapport à notre fonction. Ils nous remercient pour les démarches effectuées, ils nous considèrent comme des personnes ressources. Nous recevons beaucoup de considération de leur part et c’est vraiment très gratifiant, cela donne du sens à notre travail. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« Généralement très positifs car je ne lâche rien même si la réponse à leur demande n’est pas celle espérée »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Ils sont satisfaits et me remercient pour mon aide, mes éclaircissements, mes interventions. »
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Avez-vous un exemple de ce que vous avez mis en place pour un ou des travailleurs ?
– Bernard, assistant social chez Nekto :
« J’ai mis en place tout un processus pour protéger la personne ainsi que sa famille. Arès des années de travail intense et d’efforts considérables de sa part, ce travailleur s’en est sorti, est redevenu totalement indépendant. »
– Jean-Luc, assistant social chez Village N°1 Entreprises :
« Un exemple de mise en place ? Oui, je pense à un travailleur dont le suivi a demandé beaucoup temps, où il y a eu une recherche de logement, des discutions avec le propriétaire à cause de loyers impayés et de beaucoup d’autres dettes. Pour cette personne, il y a également eu un travail d’interface entre la police, le suivi judiciaire et le gestionnaire de biens. »
– Victoria Defays, assistante sociale à L’Atelier :
« Un travailleur avait énormément de difficultés à gérer son argent, ce qui lui amenait de plus en plus de dettes. Avec son accord, nous avons entrepris les démarches afin de lui permettre de bénéficier d’un administrateur de bien. Il se sent maintenant plus serein, avec moins de choses à gérer. »
– Fabienne, assistante sociale chez Entra :
« L’intégration d’un chien guide dans un département pour une travailleuse qui a une cécité complète. Un chouette projet et Ourka, notre labrado mascotte travaille toujours chez nous. »
– Justine, assistante sociale chez Entra :
« Une dame qui travaillait en tant qu’employée dans un secteur où elle se sentait vraiment mal. Cela a duré un long moment, malgré mes conseils sur certains points. J’ai pu discuter longuement et à plusieurs reprises avec ses responsables pour leur faire comprendre à quel point cette travailleuse était en souffrance. Elle a finalement pu travailler sur un autre plateau la quasi majorité de son temps de travail et nous avons pu constater à quel point elle s’y est sentie mieux, et à quel point elle est devenue épanouie. »
Interview d’une directrice – Nathalie Claes, directrice de Village N°1 Entreprises :
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Pouvez-vous vous présenter ?
« Nathalie Claes, 48 ans, ingénieur commercial et de gestion de formation, maman de 3 filles »
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Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivé dans l’entreprise ?
« Directrice financière aux Editions Dupuis (7 ans) Directrice au CLL Centres de Langues (7 ans). Arrivée au Village en 2015, après une remise en question sur le sens à donner à ma carrière professionnelle, comment mettre à profit mon expérience de management au service d’une cause humainement valorisante (crise de la quarantaine ?) »
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Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
« Le respect, l’écoute, l’engagement, le dynamisme, le professionnalisme »
- Quelles sont les qualités indispensables pour être directeur(rice) d’une ETA ?
« En dehors des qualités d’un manager classique, capacité d’adaptation, ouverture d’esprit, écoute et respect de tous »
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Avez-vous un exemple de ce que vous avez mis en place avec vos équipes pour améliorer l’accompagnement de vos travailleurs en situation de handicap ?
« Mise en place d’une permanence pour les malentendants en partenariat avec des interprètes en langue des signes, organisation de formation sur l’alphabétisation, sur comment utiliser le PC banking, sur comment lire une facture, gérer son budget, comment faire des économies, etc. »
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Avez-vous un exemple de ce que vous avez mis en place avec vos équipes pour développer une activité au sein de votre ETA ?
« On a développé une activité de télé secrétariat pour les professions médicales (dentistes, spécialistes, généralistes, etc.) en partenariat avec un fournisseur d’agendas en ligne. »
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Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre travail ?
« La diversité du job : relations humaines, commerciales, financières, syndicales, avec la fédération, etc. »
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De quoi êtes-vous le plus fier au niveau de votre travail ?
« D’apporter du travail et donc de la reconnaissance à des travailleurs qui n’ont pas toujours eu de la chance dans leur parcours. »
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Qu’est ce qui est le plus dur dans votre métier ?
« Trouver des activités/clients adaptés aux différents handicaps des travailleurs et à notre population vieillissante. »
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Qu’est-ce qui vous motive dans la pratique de votre métier ?
« Le sourire des travailleurs lorsque je les croise ».
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Comment arrivez-vous à gérer votre mission sociale de votre entreprise tout en ayant une activité économique rentable ?
« C’est un équilibre très difficile à trouver. Il faut parfois privilégier certaines activités/clients très rentables pour pouvoir se permettre d’autres beaucoup moins mais qui occupent des travailleurs plus fragiles de sorte à pouvoir offrir du travail à tous. Avec l’expérience également, on construit des partenariats avec des clients historiques pour lesquels on a développé des services de grande qualité. Notre grande faculté d’adaptation permet également de répondre aux différents besoins des clients. »
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