Chaque mois, l’Eweta se penche sur un dossier de fond et interviewe une personnalité au sujet du secteur des Entreprises de Travail Adapté. Ce mois-ci Gaëtane Convent a l’honneur d’interroger conjointement Mme Françoise Lannoy, Administratrice générale et Mme Anne-Françoise Cannella, Administratrice adjointe de l’AVIQ.
- Pouvez-vous nous expliquer un peu vos parcours respectifs ?
Nous avons toutes les deux quitté le Service Public de Wallonie – la Direction générale du SPW Intérieur et Action sociale pour moi et la fonction d’Inspectrice générale du département de l’Emploi et de la Formation Professionnelle pour Anne-Françoise.
Notre formation est très différente. Françoise a une formation d’économiste et démographe et j’ai un cursus universitaire d’histoire de l’art.
Nos parcours professionnels, également, sont très différents mais ils ont un point commun (et non des moindres en regard de l’ADN de l’AVIQ) : la volonté de garder l’Humain au centre des préoccupations.
- Depuis plus de quatre mois que vous êtes respectivement Administratrice générale et Administratrice adjointe de l’AViQ, qu’est-ce qui vous motive le plus dans cette nouvelle aventure humaine ?
C’est une réponse commune que nous formulons ici car, pour nous deux, ce sont les défis incroyables, dont des enjeux de société primordiaux que l’AVIQ doit relever ainsi que la responsabilité sociale de l’AVIQ, qui nous ont poussées à soumettre notre candidature auprès du Gouvernement Wallon.
Nous débutons notre mandat avec des ambitions fortes pour l’AVIQ : qu’elle soit une administration exemplaire et consciente de son impact économique, social et environnemental ; tant dans son fonctionnement quotidien que dans son utilisation plus responsable des ressources (la mobilité, l’aménagement des locaux, des marchés publics, le recours à l’économie circulaire), mais aussi à travers chacun des dispositifs qu’elle gère.
- Quels sont, pour vous, les prochains grands chantiers de l’AViQ ?
Les chantiers qui attendent l’AVIQ sont nombreux et leur identification a d’ailleurs fait partie de notre toute première présentation aux membres de notre Conseil Général.
Nous avons souhaité mettre l’accent plus particulièrement sur quelques enjeux essentiels pour les Wallons. Citons parmi ceux-ci : la transformation des modèles familiaux, l’allongement de la vie et l’augmentation du nombre de personnes âgées, l’augmentation des maladies chroniques, la santé mentale, l’autonomie et l’inclusion ou encore la révolution technologique et l’e-santé. La place et le rôle du citoyen, accompagné tout au long de sa vie par l’AVIQ, sous-tendront la réalisation de tous ces projets.
Evidemment, nous ne pouvons oublier la gestion de crise, dans les chantiers importants qui devront être menés.
- Quels sont, pour vous, les 5 mots clés qui définiraient le secteur des ETA ? Et pourquoi ?
Humain : Bien qu’il s’agisse d’entreprises soucieuses de leur santé économique, dans chaque ETA, la personne, le travailleur en situation de handicap, est au centre des attentions et le point de départ de toutes activités, envisagées en fonction de ses capacités.
Agilité : Gérer une ETA demande énormément d’agilité. Il faut non seulement s’adapter aux évolutions du marché mais surtout pouvoir découvrir les marchés porteurs en fonction des compétences des travailleurs en situation de handicap. Il faut débusquer les occasions, connaître le potentiel de ses travailleurs et construire une réponse le plus rapidement possible pour s’engouffrer dans la brèche.
Un exemple : au plus fort de la crise Covid en 2020 alors que le pays était à court de gel hydroalcoolique, certaines ETA se sont mises à la production de ce produit et ont pu approvisionner le marché.
Solidarité : Non seulement la solidarité entre les travailleurs d’une même entreprise mais également la solidarité interETA qui s’est encore démontrée lors des inondations. Les ETA ont mis à disposition du matériel et partagé les lignes de production pour permettre aux ETA sinistrées de continuer leurs activités et éviter le chômage aux travailleurs.
Les assistants sociaux des différentes ETA ont aidé les travailleurs sinistrés indépendamment de l’ETA dans laquelle ils travaillaient. On peut également parler de solidarité avec l’ensemble des citoyens ; les ETA ayant été au rendez-vous lorsque les pouvoirs publics recherchaient désespérément des équipements de protection individuels.
Compétences : Comme toute entreprise, les ETA recherchent la compétence dans leur domaine d’action mais elles savent trouver les compétences là où les autres entreprises ne les voient pas. Elles ont aussi à cœur de développer les compétences de leurs travailleurs par des formations adaptées, des sections d’accueil et de formation et surtout de valoriser les compétences de leurs travailleurs.
Inclusion : L’accès à un emploi, à un travail valorisant est un levier important pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Dans notre société, on peut remarquer qu’avoir un emploi procure une reconnaissance sociale. Par ailleurs, l’externalisation de certaines prestations permet également aux travailleurs de rencontrer d’autres travailleurs, d’être confrontés à d’autres réalités. Bien sûr, le chemin est encore long vers une inclusion de tous les travailleurs en situation de handicap et les passerelles de l’emploi « protégé » vers l’emploi « ordinaire » devraient être facilitées.
- Nous sommes maintenant en sortie de crise par rapport au coronavirus, qu’est ce qui, pour vous, a été porteur pendant cette crise et qu’est ce qui serait à améliorer selon vous ?
Nous avons été désignées par le gouvernement wallon lorsque la crise liée au Coronavirus était sortie de sa phase aigüe, c’est donc en tant qu’observatrices que nous avons vu l’image de l’AVIQ évoluer. L’AVIQ a réalisé un bond prodigieux en termes de reconnaissance à l’extérieur, elle est connue et reconnue. Nous tenons d’ailleurs à féliciter tous les membres du personnel pour leur professionnalisme et leur résilience.
La Wallonie doit pouvoir compter sur un service public fort et agile, capable de réagir rapidement et de s’adapter à n’importe quelle situation de crise. C’est la raison pour laquelle l’AVIQ met aujourd’hui en place un plan de gestion des risques et de continuité d’activités comme outil stratégique.
- Un dernier petit mot que vous souhaiteriez adresser à notre secteur ?
Les défis auxquels les ETA vont être confrontées dans les prochaines années seront nombreux. D’un point de vue technique, les ETA devront s’adapter à une nouvelle réglementation conforme aux exigences de la Commission européenne sur les aides d’Etat. La transition écologique est également un défi de taille, il faudra débusquer de nouvelles opportunités, de nouvelles activités accessibles aux travailleurs ETA pour remplacer les activités qui seront condamnées à plus ou moins longue échéance. Une étude sur les aspects qualitatifs du travail en ETA sera également menée pour compléter une réforme de la réglementation plus axée sur le financement.
L’AVIQ s’engagera aux côtés du secteur des ETA pour relever ces différents défis.
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